Avant l’impressionnisme et cette conception moderne de peinture sur le motif, la peinture de paysage se réalisait dans l’espace clos de l’atelier. Les paysages étaient composés d’éléments naturels sélectionnés et agencés par le peintre d’après des croquis dessinés dans la nature ou devant d’autres tableaux comme l’ont fait les Carrache, Poussin, le Lorrain, et d’autres peintres jusqu’à Corot. Le paysage y est donc souvent une interprétation, voire une idéalisation : un paysage qui engloberait tout ce que la pensée peut en fournir comme image. Il s’agit ici de ne pas déroger à la règle, tout en se positionnant dans le présent, en interrogeant les outils contemporains. J’ai donc souhaité, pour cette série, engager une réflexion autour d’un paysage construit plutôt qu’observé. Les logiciels de dessin d’architecture proposent une multitude d’icônes représentant une nature modélisée, lissée, archétype de notre pensée, plus proche de l’idée que de la réalité. J’ai détourné ces outils, en vue de (re-)construire une peinture de paysage dont le point de vue nous situe quelque part entre la cartographie, la maquette et le paysage. Les grandes plages de couleur et les dégradés de tons des tableaux ne cherchent en aucun cas à coller à une réalité mais nous plongent dans des ambiances colorées au service de la composition. En peinture, la lumière n’est que couleur, et la couleur libérée du contexte objectif devient le sujet même.
C’est dans l’espace du tableau que je peux agir ; c’est ici que je peux changer le monde.
Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur notre site web. Si vous continuez à utiliser ce site, nous supposerons que vous en êtes satisfait.OK