Wanderlust

exposition en binôme avec Hélène Marcoz, 2018-2019, Galerie Short Cuts, Namur, Belgique

Wanderlust

Que reste-t-il aujourd’hui du désir de voyager ?
Le monde entier, ou presque, nous est accessible en quelques clics sur le net : des photographies par milliards, des représentations en 3D, des cartes, des descriptions…
Se déplacer devient juste une action, oblitérant les images déjà disponibles, nous confortant dans le fait que ces endroits existent bel et bien. Au-delà de la ligne d’horizon, l’infini n’existe plus.

Dans la tradition des peintres de paysages du XVIIème siècle, Hélène Marcoz et Emmanuel Moralès présentent des œuvres en écho à ce qu’entreprenaient Poussin ou Le Lorrain dans leurs tableaux : composer un paysage à partir d’éléments sélectionnés ici ou là, afin d’exprimer tout ce que la pensée peut en fournir comme image.
Dans sa série intitulée Paysage(s), Hélène Marcoz filme pendant le cycle d’une année la métamorphose d’un même paysage. Le montage donne à voir un vidéorama associant plusieurs saisons simultanément.
Pour Wilderness, Emmanuel Moralès détourne un logiciel l’architecture pour dessiner un panorama à mi-chemin entre la carte et le paysage. Esquissée sur toile, cette image peinte par aplats convoque toute la subtilité du nuancier propre à la perspective atmosphérique, si chère aux peintres et premiers photographes.
En peinture, la lumière n’est que couleur.

Dans une seconde salle, deux propositions dialoguent formellement grâce à un jeu de lignes et de couleurs sur fonds unis.
Dans ses Cartes à gratter, Hélène Marcoz nous invite à reconstituer le réseau mental que l’on se crée d’une ville, telle une psychocartographie. Après avoir appliqué une encre sérigraphique argentée sur un plan, elle gratte le parcours effectué dévoilant ainsi la partie vue du territoire.
Pour Emmanuel Moralès, le déplacement du pinceau est à l’origine de la série Lignes & Champs dans laquelle le corps des lignes devient la surface à peindre. La matrice du tableau est un plan représentant les pistes de ski et leurs niveaux de difficulté. Ces lignes dessinent un paysage conceptuel, codifié, qui pourra prendre vie dans l’imaginaire du visiteur.

Cette exposition nous propose de dépasser notre propre monde et ses modes de représentations, de voir au-delà du présent et du réel, de vagabonder. De cadrer pour faire du lieu un sujet.
Et de nous enchanter d’une lumière, d’une couleur.

Hélène Marcoz & Emmanuel Moralès, 2018

© adagp – emmanuel moralès